A la recherche de l'Ombre

Tatsukii avançait d'un pas nonchalant, son katana se balançant doucement au rythme de sa marche. Elle avait repris son habituel chapeau de paille, le reposant banalement devant ses yeux. Ses mèches rebelles de cheveux noirs lui chatouillaient le visage, emportés par la brise qui soufflait.

Il ne se passait rien d'extraordinaire dans ce quartier. D'ailleurs, il ne se passait rien. Tellement rien, que ça en devenait étrange. Bien sûr, en temps que quartier désaffecté, vivant sous la terreur de la pègre et de ses représailles, il était normal que les quelques habitants se fassent discrets. Mais là, hormis le vent qui continuait son chemin, inlassablement, le moindre signe de vie semblait éteint. Situation de tension, caractéristique des embuscades.

Mais en cas normal, Tatsukii aurait deviné facilement où se trouvaient ses agresseurs. Elle ne connaissait que trop bien ce milieu. Malgré son attitude désinvolte, elle était concentrée et sur ses gardes, même si rien n'en laissait paraître. Cachés dans l'ombre et derrière ses cheveux, ses yeux noirs, profonds, scrutaient l'horizon.

Où es-tu ...?

L'Ombre semblait courir très vite sur un nuage. Son pare-vent semblait flotter sur ses pas. Mais il ne continua plus très loin, ne quittant pas le quartier. Il n'y à rien à fuir, ou ce n'est-ce une âme qui ne trouve pas le repos à cause de vous, dans ce cas il n'y à rien à faire.

Miiragan descendait d'un toit pour se poser lentement sur le sol d'un bitume froid, au milieu d'un croisement entre de grands immeubles désolés. Un énorme platane dégageait sa colère en détruisant la route de ses puissantes racines, résolu à grandir et à tout casser autour de lui. Des ronds aussi noirs que les tâches sur les murs parsemaient le trottoir. Une brise fit tomber les dernières feuilles du vieil arbre et un engoulevent vola pour se prendre un poteau et mourir. Un rayon lumineux balaya l'endroit pour disparaître. La lune s'est couchée derrière les bâtiments. " Mmh... " La lune n'a quitté Miiragan qu'à de rares moments, le laissant seul. Soudain quelque chose tomba dans un bruit métalique et un roulement provenant de derrière les habitations. " Le chat. " pensa-t-il. Mais un autre bruit plus discret le fit fuir. " La lune, le chat. " se disait-il caché. Les deux l'avaient abandonné. C'est à chaque fois que quelqu'un arrive. Ca en fera trop ce jour-ci, de quoi l'énerver. Ne peut-on pas le laisser ?

Et ce fut une fille cette fois, aux cheveux noirs de jais et son kimono d'ébène d'une aura éolienne. Sa bande blanche lui donnait de l'importance. Elle traversait l'endroit dans sa quasi-totalité, s'arrête, regarde autour d'elle, faillit repartir quand Miiragan sortit de sa sombra cachette, derrière elle.

" - Tu es l'amie du garçon d'hémoglobine ? Tu me cherches ? " résonnait sa voix dans la tête de la fille.

Il n'y avait décidément rien dans cette ruelle. Rien, c'était le mot, d'ailleurs. Pas un chat, pas un animal n'osait traîner ici.

Elle avait du se faire des idées. Pourtant, cette tension dans l'air persistait. Tatsukii hésita un peu à rester, elle avait tout son temps. Son regard se promena sur les façades grises des bâtisses alentours. Des fenêtres sans verre, apparaissant comme de grands trous béants dans l'immeuble. Où un sniper pourrait aisément prendre place. Les terrasses sur le toit de certains buildings en ruine, où, malgré la poussière de ciment qui envahissait la place, un commando d'hommes armés seraient cachés, dans l'attente d'une certaine personne.

Mais son imagination devait faire des siennes, parce qu'elle ne parvenait pas à obtenir un seul indice de la présence d'un être humain à cet endroit. Elle tourna le dos à la rue, et repartit dans l'autre sens.

Soudain, elle ressentit une présence derrière elle. Comme si la totalité de ce qu'elle appelait "tension de l'air" s'était rassemblée d'un coup en une seule personne. Elle ne se retourna pas, et ne chercha pas à faire glisser son regard sur le côté pour l'apercevoir. La jeune fille fixa le bout de la rue, sans vouloir pour autant le rejoindre. Car elle le savait, c'était lui.

"Tu es l'amie du garçon d'hémoglobine ? Tu me cherches ?"
Une voix résonna dans sa tête. Elle était toujours surprise par ce principe, mais comme Ryuudan l'avait déjà utilisé, elle ne sembla pas étonnée outre mesure. Sa silhouette, petite et droite, avait cette apparence calme qu'elle s'était donné du mal à obtenir. Maintenant, elle réussissait même à avoir le calme jusque dans son esprit, même dans les situations difficiles... enfin, à peu près. Ses yeux vifs scrutèrent la rue. Un chat noir la traversa, rompant le calme. Ses prunelles s'allumèrent de rouge.
Derrière elle flottait une flamme de chakra. N'ayant aucune expérience du Sharigan, la jeune fille ne pouvait donc s'effrayer se l'étrangeté de la situation. Elle éteignit la lueur qui animait ses yeux et, sans se retourner ni bouger un seul de ses membres, elle répondit à l'Ombre.

"Amie ? C'est un concept que j'ai du mal à comprendre, pour l'instant..." dans sa voix se lisait encore la haine qu'avait déclenché sa solitude. Mais l'Ombre devait connaître cela, aussi. Elle ne s'attarda pas sur le sujet.
"Je ne sais pas si je te cherche... mais cette impression de tension m'étonnait... je ne savais pas à quoi m'attendre... en tout cas, pas à quelqu'un comme toi."

Elle resta immobile, laissant à l'Ombre le choix de la tuer dans le dos si elle le désirait. Elle ne se retournait pas et n'en exprimait pas le désir. C'était un peu comme un code de politesse avec elle.

EDIT : Je t'ai bloqué dans ce que j'ai écris Miiragan ? Dis-moi que je change si tu veux ^^

Elle ne se retournait pas, qu'importe. Surtout qu'elle se trahissait à s'afficher ainsi détendue. Sa présence ne permet que la tension.

" Personne ne s'attend à moi, plus jamais. Tes yeux...
Tu es proche de l'autre schysophrène dans ce cas. Lui non plus ne se compte plus. "

Sa silhouette, on ne la voyait plus car la lune n'était plus là. Mais la lune rouge derrière chaques yeux noirs de la jeune fille éclairait son chakra malgrés les nuages. Cet organe indépendant de ce corps paralysé fait preuve d'une grand intelligence. Il mettait mal à l'aise.

Une rafale de vent froid la fit tressaillir. Les mots de l'Ombre l'avait amusé. "L'autre schizophrène"... ça devait être Ryuudan. Elle sourit et ferma les yeux. Devant ses paupières closes jaillissaient des images brèves de lame scintillante, recouverte de sang. Des images d'un corps tombant devant elle. La succession accélérée de tous ces meurtres lui donnait mal à la tête et la plongeait dans une certaine folie. Elle voulut rouvrir les yeux mais elle n'y parvint pas.

Sa main agrippa le manche du katana. Mais elle finit par le relâcher et à redevenir un temps soit peu décontractée. La tension lui donnait des pulsions, et l'agaçait au plus haut point. Elle se retourna d'un mouvement lent, et ouvrit ses paupières, découvrant le paysage à travers ses mèches de cheveux et le pan de son chapeau conique.

A peine ses paupières s'eussent ouvertes et que ses pupilles eussent scruté aux alentours, que ceux-ci se transformèrent en un paysage de désolation. Le Temps semblait avoir abandonné son cours pour laisser place à l'enfer de gouverner. La colline où ils eurent posé leurs pieds était rase, plus de bâtiments ne faisaient obstacle à l'horizon éternel. La maigre végétation était noire, le ciel vert, ta terre blanche et le néant marron. C'est un monde où ne vit que le solitaire, mais son sens de l'hospitalité demeurait, et son invité serait comblé. A sa simple demande tout basculerait. A sa simple pensée, tout basculerait dans l'illimité dans le Temps. La bienvenue fut de mise, mais les jeux furent faits pour que revenir serait un grand mal. Rien ne tournait plus rond que le compas du monde. Rien ne traçait plus droit que la règle de la Terre.

Plus qu'une fine herbe rase, sombre... quelques plates collines éparses, et, à l'horizon, cette plaine s'étalait, sans fin... La jeune fille observa rapidement les environs, sans bouger, son regard noir sondant le paysage, cherchant le moindre mouvement autre que celui du chakra de l'Ombre.
La jeune fille se sentait pourtant étonnamment bien dans ce monde. Comme s'il avait pu être dessiné pour elle dans les moindres détails. La solitude, un côté calme et puissant, une atmosphère que certains trouveraient glauque. Elle aimait ça, le monde ainsi la rassurait. Elle semblait lui appartenir... Elle baissa toutes ses gardes sans s'en rendre compte. Le changement de situation la déroutait. Tatsukii s'en aperçu assez vite d'ailleurs, elle se mordit la lèvre pour se punir en se rendant compte que son adversaire aurait pu la tuer cinquante fois de suite.

Je n'ai plus le droit de mourir... Il faut que je vois Ryuudan... il m'a sauvée trop de fois...

*Sharingan*

Dans le paysage, quelque chose clochait. Evidemment, Tatsukii savait qu'il s'agissait d'une sorte d'illusion. Mais elle ne connaissait rien de la théorie des ninjas, celle qu'on apprenait à l'école. Mais c'était la première fois qu'elle voyait de ses yeux qu'il ne s'agissait pas du monde normal. Laissant passer sa surprise de côté, elle attendit que l'Ombre se décide enfin. Mais celle ci flottait sans faire aucun geste, laissant le chakra planer dans les airs... une impression filtrait de l'extérieur jusque dans l'illusion... une impression qui attira Tatsukii, qui se détourna un peu sans pour autant quitter l'ombre des yeux. La jeune fille devait partir, maintenant, elle le sentait... elle ne voulait pas que le ninja prenne cela pour de la fuite...

"Je dois y aller, maître ninja... pour vous montrer ma bonne foi, je me présente : Tatsukii. Je n'ai pas de nom de famille... si vous me cherchez, vous me trouverez surement sur les routes... à la prochaine!"

Sur ce, la jeune fille lança un dernier regard rougeâtre à son interlocuteur, plongeant son regard insondable dans le sien... Elle disparut quelques secondes apres...

» Recherche nocturne[Terminé]